Le 2 Novembre 1992, dans un bruissement de caméras et de flashes, un élégant biréacteur blanc et bleu s’élève dans le ciel toulousain, marquant le premier vol de l’Airbus A330. Mais cette envolée symbolise bien plus qu’un simple prototype : elle incarne le rêve européen de conquérir le ciel, notamment celui du long-courrier.
Retour quelques années en arrière. Fort de ses succès relatifs avec l’A300 (1972) et l’A310 (1983), Airbus ambitionne dès le début des années 1980 de défier Boeing sur le segment du gros porteur biréacteur. Le Boeing 767, déjà dans les airs depuis 1981, domine ce marché stratégique. Airbus répond avec un projet ambitieux : un avion capable de transporter plus de 300 passagers sur plus de 10 000 kilomètres, reliant Paris à New York sans escale.Les ingénieurs européens jettent les bases du futur A330 en janvier 1986, en parallèle d’un quadriréacteur, l’A340, alors en développement.
Pour des raisons industrielles et économiques, Airbus opte pour une plateforme commune, permettant aux deux appareils de partager un fuselage et un cockpit identique, réduisant ainsi les coûts et facilitant la formation des équipages.Lors du 37e Salon du Bourget en juin 1897, Airbus dévoile officiellement au public son nouveau programme A330/A340. La machine industrielle est en marche. Malaysia Airlines, Thai Airways et Air Inter font figure de premiers clients pionniers, signe d’un enthousiasme certain pour ce biréacteur européen prometteur. En février 1992, dans les vastes hangars de Toulouse, le premier A330-300 prend forme : fuselage allongé, ailes optimisées, moteurs puissants.
Le 14 octobre 1992, le prototype MSN001 est dévoilé. Moins d’un mois plus tard, le 2 novembre 1992, il décolle pour la première fois sous les yeux attentifs des ingénieurs, pour un vol d’essai de plus de cinq heures.Air Inter, compagnie française, est la première à inaugurer l’A330-300 sur ses lignes intérieures le 17 janvier 1994 reliant les villes de Marseille et Paris. L’appareil marque les esprits par son confort et son silence de cabine, mais aussi par ses performances. En avril 1994, il obtient sa première certification ETOPS-120(Extended-range Twin-engine Operational Performance Standards) pour 120 minutes, une certification permettant de traverser l’Atlantique en toute sécurité.L’histoire continue. 13 août 1997, la version A330-200, plus courte et dotée d’une autonomie supérieure grâce à son réservoir central, effectue son premier vol. C’est un succès immédiat auprès des compagnies désireuses de relier l’Europe à l’Asie et à l’Amérique du Sud.
En 2002, l’A330-200 repousse les limites du transport aérien en signant un record historique : 16 903 kilomètres parcourus sans escale.Airbus présente en 2006 l’A330-200F, la déclinaison cargo de l’appareil, qui remplace le vieillissant A300-600F prouvant ainsi la polyvalence de l’appareil. Avec ses 64 tonnes de charge utile et ses 7 400 kilomètres d’autonomie, il répond aux besoins croissants du fret mondial. En avril 2010, l’A330F est certifié pour transporter jusqu’à 70 tonnes, un exploit qui dépasse les prévisions initiales des ingénieurs.Aujourd’hui, l’A330 continue de tracer sa route dans le ciel. Avec plus de 2 000 appareils livrés à ce jour, il demeure le long-courrier le plus vendu d’Airbus, opérant sous les couleurs de plus de 130 compagnies aériennes à travers le monde. De Paris à Tokyo, de São Paulo à Sydney, l’A330 reste un symbole de la réussite européenne et de l’innovation aéronautique.
Un succès qui ne se dément pas : l’A330neo, lancé en 2014, perpétue la légende avec de nouveaux moteurs Rolls-Royce Trent 7000, une aile optimisée et une consommation réduite. Preuve que, même après plus de 30 ans, l’A330 continue de réinventer le ciel.
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