Au-dessus des lagons turquoises et des collines d’émeraudes, une silhouette blanche fend le ciel : Air Antilles. Plus qu’une simple compagnie, il s’agit d’un souffle aérien qui relie la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélémy. Depuis 2002, ses avions tissent des ponts invisibles entre les îles, rapprochant les familles, les travailleurs ainsi que les voyageurs.
Mais dans ces cieux tropicaux, rien n’est jamais acquis. Les crises économiques, les ouragans et les turbulences financières rappellent sans cesse la fragilité d’une telle mission. Pourtant, Air Antilles persiste et persévère, car dans ces territoires éclatés, l’avion remplace le bus : il relie des vies séparées par l’océan.
Et c’est là que réside sa force : fournir plus qu’un service aérien, offrir une ligne de vie.
ATR 72 par Sean Brink sur Jetphotos
Air Antilles est née le 18 décembre 2002. Également connue sous le nom « Air Antilles Express », la compagnie aérienne régionale française siégée en Guadeloupe avait pour ambition de proposer des liaisons inter-îles plus accessibles.
Fruit du groupe CAIRE (la Compagnie Aérienne Inter Régionale Express), aux côtés d’Air Guyane, elle a très vite incarné une mission essentielle : désenclaver les territoires ultramarins, et rapprocher des îles séparéespar la mer mais liées par la culture, l’histoire et les familles.
2023 est une année noire pour Air Antilles. Une accumulation de problèmes se présente : hausse du carburant, impact de la pandémie, difficultés financières…
Le groupe CAIRE se retrouve en forte difficulté, et le tribunal de commerce de Point-à-Pitre prononce la liquidation judiciaire d’Air Antilles et de sa filiale Air Guyane. Mais Air Antilles échappe à la disparition : une reprise est validée fin septembre 2023 par la Collectivité de Saint-Martin (prenant 60% des parts) et le groupe Edeis / holding CIPIM (prenant les 40% restants des parts) afin d’assurer la continuité des vols. Air Guyane, elle, voit ses activités interrompues.
Cette renaissance est fragile. La compagnie doit reconstruire son réseau, regagner la confiance des passagers, et stabiliser ses finances.
ATR 72 par CaptainWil972 sur Jetphotos
Malgré la tempête, Air Antilles prépare des jours meilleurs. L’été 2025 marque deux étapes prometteuses : le renouvellement de licence complète via la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile) et le lancement d’un programme saisonnier renforcé avec des vols directs entre la Martinique et Saint-Martin avec trois rotations par semaine. La compagnie se positionne aussi comme actrice du développement régional, notamment :
maintenir des tarifs accessibles;
préserver la mobilité pour tous (étudiants, familles, travailleurs inter-îles,…);
lutter contre le monopole de certains grands transporteurs.
ATR 72 par CaptainWil972 sur Jetphotos
Air Antilles est une battante. Elle ne brille pas par sa taille, mais par son importance : pour les Antilles françaises, perdre cette compagnie serait perdre un bout de leur sol, de leur voix. Elle navigue entre crises et regrets, mais aussi entre sourires retrouvés à l’aéroport, retrouvailles et rêves d’îles ouvertes.
Tant qu’il y aura des îles à unir, des passagers à transporter et un ciel manifestant le désir de voyager, Air Antilles restera la ligne de vie des archipels.
Car au-delà du voyage, c’est la promesse que le ciel ultramarin existe, avec ses tons bleus, ses oiseaux, ses histoires, et qu’il continuera à battre tant que ses ailes voleront encore.