En juillet 2022 plusieurs incendies dévastateurs se déclenchent en France, notamment en Gironde. Au total, plus de 30 000 hectares seront détruits par ces incendies. Les sapeurs pompiers venus de toute la France et renforcés par des pompiers européens se souviennent encore de ces immenses feux contre lesquels ils se sont combattus.
Depuis cette période, nos moyens aériens de lutte anti-incendies ont considérablement évolués afin de maîtriser au mieux la situation dès lors qu’un feu de forêt est détecté. Attachez vos ceintures : nous vous emmenons au cœur des dispositifs nationaux et départementaux de lutte contre les incendies pour cette saison 2025 !
En France, la lutte aérienne contre les incendies est découpé en 2 catégories : Les moyens départementaux et les moyens nationaux. Dans la catégorie des moyens départementaux nous retrouvons tous les aéronefs que le département met à disposition, que ça soit pour l’attaque des feux (Hélicoptères et Avions Bombardier d’Eau) ou bien pour la surveillance des massifs forestiers. Les moyens nationaux sont tous les aéronefs qui peuvent intervenir sur tout le territoire et mis à disposition par la France. On y retrouve bien sur dans cette catégorie, la Sécurité Civile.
Plusieurs départements particulièrement exposés aux feux de forêt disposent de leurs propres moyens aériens. On retrouve ainsi, dans les Alpes-Maritimes (06), l’Aude (11), les Bouches-du-Rhône (13), la Corse-du-Sud (2A), la Haute-Corse (2B), le Finistère (29), le Gard (30), la Gironde (33), l’Hérault (34), le Var (83) et le Vaucluse (84), entre un et six hélicoptères bombardiers d’eau selon les ressources locales.Au total, ce sont une vingtaine d’appareils mobilisables, dont principalement des AS350 Écureuil, réputés pour leur maniabilité et leur efficacité en montagne et en zone boisée. Dans les Alpes-Maritimes, on trouve également des Bell 212, des hélicoptères biturbines robustes adaptés aux missions d’attaque directe sur les foyers. En complément des ressources locales, l'État prépositionne chaque été plusieurs hélicoptères bombardier d’eau lourds (HBEL) sur des bases stratégiques : 4 hélicoptères de type Puma (3 AS332 Super Puma et 1 EC225 Super Puma) sont déployés à Corte (2B), Le Luc (83), Jonzac (17) et Avignon (84) mais aussi 2 hélicoptères légers AS350B3 Écureuil, basés à Carcassonne. Ces appareils peuvent être déployés rapidement sur tout le territoire selon l’évolution des risques et des incendies. Le nombre d’hélicoptères loués par l’État varie au cours de la saison en fonction du niveau de risque incendie.
Photo par Raphaël Savry
Le Dash 8 Q400 MR(E), conçu par De Havilland Canada, occupe aujourd’hui une place centrale dans le dispositif français de lutte contre les incendies. En effet, la Sécurité Civile en possède 8. Équipé d’une cuve de 10 000 litres, il peut embarquer aussi bien de l’eau que du retardant pour intervenir efficacement dès les premières phases d’un feu. Contrairement aux avions amphibies comme le Canadair, le Dash 8 ne peut pas écoper. Il doit être rechargé au sol sur des pélicandromes, des installations équipées pour remplir rapidement ses réservoirs. Ce fonctionnement impose des temps de rotation plus longs, mais n’empêche pas l’appareil d’effectuer jusqu’à 15 largages par jour, selon les conditions opérationnelles.Depuis le retrait du Tracker, le « Milan », indicatif radio du Dash 8, a également repris les missions de Guet Aérien Armé (GAAr). Ces vols de surveillance permettent de détecter et d’attaquer les feux dès leur apparition, limitant ainsi leur propagation.
Symbole emblématique de la lutte contre les feux de forêt, le Canadair CL-415, fabriqué par Bombardier, joue un rôle central dans le dispositif aérien français. La Sécurité Civile dispose de 12 exemplaires, tous stationnés sur la Base Aérienne de la Sécurité Civile (B.A.S.C.) située à l’aéroport de Nîmes-Garons. Capables d’écoper jusqu’à 6 000 litres d’eau en seulement quelques secondes, ces appareils se distinguent par leur efficacité inégalée. Durant toute la saison estivale, ils sont maintenus en alerte permanente. Deux d’entre eux sont détachés à Ajaccio, en Corse, afin de pouvoir intervenir rapidement sur l’ensemble de l’île. Cependant cet été, les pompiers et la Sécurité Civile ne devront se contenter de seulement 11 avions. Plus tôt dans l’année, le "Pélican 35" a subi d’importants dégâts lors d’un exercice d’écopage à Porto-Vecchio (Corse-du-Sud). Les réparations, estimées complexes, devraient immobiliser l’appareil pendant au moins un an.
Venus d’Australie et déployés en renfort pour la troisième année consécutive, ces avions bombardier d’eau légers sont basés à l’aéroport de Bordeaux Mérignac. Ils opèrent généralement en binôme et ont pour mission d’intervenir rapidement sur le lieu d’un départ de feu et d’y déverser leur 3 000 litres d’eau. Ils réalisent parfois des vols au dessus de la région Nouvelle Aquitaine, dans le but de réaliser des missions de GAAr ( voir paragraphe sur le Dash ).Le département de l’Hérault a opté encore une fois cette année, sur cet avion, le Trush 710P pour la protection de son territoire contre les feux. Ces avions basés sur l’aéroport de Béziers, doivent, tout comme les Dash 8, se ravitailler au sol via un pélicandrome. En à peine deux minutes, les soutes de 2800L sont remplies et les avions peuvent intervenir sur tout le territoire. Loués auprès de la société Ariafire, les Trush disposent de 3h d’autonomie propulsé par leur unique moteur développant 1290 chevaux.
Parmi les toutes dernières innovations en matière de lutte contre les incendies de forêt, les drones modifiés occupent une place de plus en plus importante. Équipés de caméras thermiques et de détecteurs de fumée, ces appareils sont non seulement rapides à déployer, mais leur coût opérationnel est aussi bien inférieur à celui d’un avion comme le Dash 8 même si leurs missions ne sont pas totalement comparables.Les avantages de ces drones sont nombreux.
Ils permettent avant tout de repérer très tôt les départs de feu, ce qui est crucial pour une intervention rapide et efficace dès les premières minutes. ils sont également capables de survoler et d’analyser des zones de plusieurs centaines d’hectares soit l’équivalent d’une centaine de terrains de football en quelques minutes ce qui prendrait des heures aux pompiers au sol. Autre atout : leur capacité à accéder à des zones difficiles d’accès, renforçant ainsi la surveillance et la prévention dans des secteurs souvent inexplorés. Néanmoins, un tel drone aurait du mal à voler par vent fort, ce qui constitue une contrainte majeure car on sait que les incendies sont la plupart du temps attisés par les vents violents.
La Sécurité Civile dispose de trois Beechcraft 200 King Air. Deux d’entre eux sont équipés de boules optroniques, permettant de détecter les points chauds sur les zones encore actives d’un incendie. Leurs principales missions consistent à coordonner les opérations lorsque d'importants moyens sont déployés, ainsi qu’à mener des investigations sur les feux en cours. Par ailleurs, plusieurs départements sont dotés d'avions de reconnaissance appelés « HORUS », en référence à l’œil du dieu égyptien. Loués durant la saison estivale, ces appareils survolent leur secteur pour repérer d’éventuels départs de feu. L’objectif est d’assurer une détection précoce afin de mobiliser rapidement les moyens nécessaires pour une intervention efficace.
Face à l’intensification des incendies en France ces dernières années, les moyens aériens ont su évoluer pour devenir des outils indispensables dans la lutte contre le feu. Qu’ils soient nationaux ou départementaux, lourds ou légers, habités ou pilotés à distance, tous ces appareils constituent une réponse rapide, coordonnée et de plus en plus technologique face à un danger grandissant. À l’aube de l’été 2025, ces dispositifs sont plus que jamais mobilisés pour protéger nos forêts, nos territoires… et nos vies.