L’Atlantique 2, véritable couteau suisse de l’Aéronautique Navale

Romain Pochart

Sillonnant depuis plus de 3 décennies les mers et océans au ras des vagues, l'Atlantique 2 (ou ATL2), est l’un des seuls avions au monde conçus pour une mission très spécifique: la lutte anti-sous-marine.  Cet avion de patrouille maritime (PATMAR) conçu par Avions Marcel Dassault-Breguet Aviation (aujourd’hui Dassault Aviation) reprend la forme très singulière du Br 1150 Atlantic, puisqu’il est son évolution directe.

Tour d'horizon des équipements embarqués

 Pour accomplir cette mission exigeante que peu de forces navales maîtrisent, il embarque une multitude d’équipements, répartis tout au long de son fuselage. On retrouve notamment un radar sous le nez. Utilisant des technologies similaires à celui du Rafale, il est capable de détecter des cibles de surface de faible dimension, comme des embarcations rapides, même par mer agitée. 

Aux extrémités de ses ailes, un système de détection d’émissions radar intercepte et identifie des signaux faibles à grande distance. En Mars dernier, un navire russe avait éclairé un ATL2 avec son radar de conduite de tir, lors d’une opération menée par l’OTAN. C’est ce système qui avait permis à l’équipage de détecter la menace. 

L'avion est également équipé d’une boule optronique, intégrant une caméra HD, une caméra thermique et un senseur laser. Cet élément en fait un excellent vecteur de renseignement et d’observation, y compris dans des environnements complexes.

À l’arrière de l’appareil, l’ATL2 peut larguer des bouées acoustiques depuis une petite soute, pour localiser des sous-marins via traitement acoustique numérique.  Tout à l’extrémité de l’empennage, la fameuse "queue MAD" (Magnetic Anomaly Detector) permet quant à elle une détection sur de plus longues distances des sous-marins grâce à un magnétomètre.

 Un autre atout de l’ATL2 est sa vaste soute ventrale de 27 m³, capable d’emporter différents types d’armement.

Maquette de l'A321 MBA Photo: Mer et Marine

Atlantique 2 - Photo: world.of.aviation1

Un appareil multi-fonctions

Depuis sa mise en service en 1991, l’Atlantique a connu plusieurs modernisations, notamment au niveau de l’avionique, pour rester à la pointe des technologies. Ces évolutions lui ont apporté de nouvelles capacités, comme le largage de bombes guidées laser GBU-12 Paveway II, utilisé par exemple lors de l’opération Chammal en 2015. Depuis son dernier standard, il peut désigner ses cibles sans assistance extérieure, grâce à sa boule optronique.

 Il conserve également sa capacité à tirer le missile antinavire AM-39 Exocet ainsi que la torpille légère MU90. Cela contribue à en faire un élément stratégique majeur dans le combat aéromaritime moderne. 

Au-delà des missions de combat, l’ATL2 peut aussi mener des opérations de sauvetage en mer, en larguant des canots de survie depuis sa soute ventrale. Il a aussi la capacité, même si elle est plus rarement utilisée, d’effectuer deslargages de parachutistes

Les passionnés ayant eu la chance de l’admirer en meeting aérien, ont pu constater sa manœuvrabilité impressionnante, qui est indispensable de cet avion.

A l’intérieur de l’avion, l’équipage est composé de treize militaires, dont deux pilotes, deux mécaniciens de bord et neuf opérateurs système, capables de gérer simultanément tous les systèmes de l’avion. Et cela, tout en scrutant la mer depuis les bulbes vitrés avants et sur les côtés. Les missions peuvent durer jusqu’à plus de dix heures, puisque l’autonomie impressionnante de l’ATL2 est de 14 heures de vol, lui permettant de franchir plus de 9000km. 

Perspectives d'avenir

Sur les28 ATL2 initialement livrés à la Marine nationale, 22 sont encore en service au sein des flottilles 21F et 23F basées à la BAN de Lann-Bihoué. Le dernier vol d’un ATL2 est prévu pour 2032, bien que son retrait puisse être repoussé de quelques années, en attendant l’arrivée de son successeur, l’Airbus A321 MPA (Maritime Patrol Aircraft), toujours en phase de développement.