Xiamen refuse ses Boeing : quels enjeux ?
En avril 2025, Xiamen Airlines a refusé la livraison de deux Boeing 737 MAX 8, illustrant les répercussions directes de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Ces appareils, initialement destinés à la compagnie chinoise, ont été renvoyés aux États-Unis depuis le centre de finition de Boeing à Zhoushan, en Chine, et ont atterri à Seattle les 18 et 19 avril 2025 .
Cette décision intervient dans un contexte où l'administration Trump a augmenté les droits de douane sur les importations chinoises à 145 %, et où la Chine a répliqué en imposant une taxe de 125 % sur les produits américains, y compris les avions. Ces mesures ont considérablement augmenté le coût d'acquisition des avions pour les compagnies aériennes chinoises, rendant économiquement difficile la réception de nouveaux appareils comme le 737 MAX, dont la valeur marchande est d'environ 55 millions de dollars .
Que va-t-il advenir de ces avions désormais sans acheteur ? Boeing a commencé à les rapatrier à Seattle, dans l’État de Washington, leur point de départ initial. Sur place, les équipes de l’avionneur doivent désormais décider du futur de ces appareils. Plusieurs scénarios sont envisagés. Le plus probable est leur reconfiguration : une fois la livrée repeinte et l’aménagement intérieur ajusté, ces avions pourraient être proposés à d’autres compagnies.
Boeing compte notamment sur la forte demande d’avions monocouloirs en Asie du Sud-Est, en Inde ou en Afrique pour repositionner rapidement ces exemplaires.Cependant, cette situation n’est pas sans conséquences pour le constructeur américain. Chaque livraison repoussée ou annulée pèse sur sa trésorerie et ses prévisions de production. De plus, cette crise pourrait détériorer davantage les relations commerciales sino-américaines dans le secteur aérien, alors que la Chine représentait jusqu’à récemment l’un des marchés les plus prometteurs pour Boeing.
En parallèle, cela pourrait indirectement bénéficier à Airbus, dont l’A320neo, concurrent direct du 737MAX, est partiellement assemblé en Chine, ce qui limite les frais de douane. Cet épisode rappelle combien l’aéronautique est un secteur globalisé, mais aussi profondément sensible aux soubresauts géopolitiques. Il met en lumière la dépendance des géants industriels aux politiques économiques de leurs pays d’origine et pose une question cruciale : dans un monde de plus en plus polarisé, quelle résilience pour une industrie fondée sur la fluidité des échanges internationaux ?
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